JE SORTAIS LES POUBELLES

Je me suis levée avec fièvre, frissons et mal à l'estomac. Dommage, c'est tombé un jour férié où papa était absent et que je devais gérer les mini-pouces. Je me suis allongée fiévreuse sur le canapé et j'ai annulé la sortie au parc de l'apres-midi avec une copine. Les enfants ont assuré : pas de crise, pas de dispute, j'avais mis les moyens avec diffusion simultanée et en boucle de Cars et de La reine des Neiges sur la télé et l'ordinateur. Ce miracle en équilibre a tenu jusqu'à la fin du repas où j'ai senti qu'il y avait urgence à sortir la poubelle. 

          J'ai enfilé la tenue grand malade : le vieux leggins imitation jeans trop petit, celui avec lequel il est impossible de s'accroupir sans montrer le bas du dos (je reste polie) et un tee-shirt blanc H&M, devenu gris. Au moment de sortir, je m'aperçois que le tee-shirt a un trou et vois le regard désespéré de mes enfants qui veulent sortir au parc. Même le trois ans se met à parler, ce qui souligne la tragédie "Manteau, maman, manteau". Je décide de sortir mes enfants au parc en face de la maison, celui tout près où il y a JAMAIS personne.

J'ai eu ce moment d'hésitation : Je me change ? Je me coiffe ? Je mets des lunettes de soleil ? (même s'il n'y a pas de soleil).

          Bref, je suis arrivée au parc du camion, il y avait tout le quartier. Ma copine à qui j'ai dit que je ne sortais pas avait fait le détour par ce parc, elle était surprise de me voir, elle était surtout élégante et ses amis qu'elle m'a présentés aussi. Mon fils a voulu faire pipi, je l'ai amené à un buisson et l'ai aidé. Pour éviter un attentant à la pudeur, j'ai dû m'accroupir à ses côtés mais de dos face à l'assemblée. Enfin, genre bouquet final, le mari d'une copine qui ne vient JAMAIS dans ce parc est passé par là avec sa fille. Ça va ? a-t-il lancé. C'est pas la forme... ai-je justifié, la main sur le trou du tee-shirt. Bref, je sortais les poubelles et en rentrant j'y ai jeté le leggins et le tee-shirt blanc.